Individualisme (le train)
Le train…loin du mythe
Lieu de transport, mais aussi lieu d’individualisme.
Vendredi soir, je prends le train pour passer un week-end sur Lille, (3h30 de trajet)
Je m’apprête à monter dans le train, avec ma grosse valise (je vous assure juste le strict nécessaire…).
Et voilà que commence ma première épreuve : entrer dans le train en un seul morceau !
Ca se bouscule, à celui qui va entrer le premier ! Encore dehors, je commence à désespérer…. et voilà qu’un homme d’une quarantaine d’année, plutôt bel homme, élégant s’avance près de moi. Je me dis chouette, tu vas pouvoir enfin entrer, que ce calvaire se termine (j’exagère un peu j’avoue…), cet homme tout en courtoisie, et en politesse va te céder la place, voire même t’aider à porter ta valise (on peut toujours rêver…). Manque de bol, et bien non! Il évite soigneusement mon regard, force légèrement le passage et pénètre tranquillement, comme un oiseau se pose sur sa branche, dans le wagon. Et oui mesdames, il n’y a plus de politesse, quand t-il s’agit d’avoir sa place réservée dans le train, je vous assure !
Mes nerfs, quelques peu émoussés, je me dis, étant dans un monde de sauvages, je vais me comporter comme tel. Et je finis par quelque peu forcer le passage, afin d’entrer tout en délicatesse dans cette enceinte rassurante de
la SNCF.
Deuxième épreuve : dans la rame
Bref, je pénètre dans la rame, contente d’être au bon endroit, au bon moment ( dans le bon train, à la bonne heure), et me réjouissant de l’issue de ce trajet en train (passer un week-end agréable sur Lille). Je souris, heureuse, j’arrive à ma place, plein d’amour à donner, de bonté à offrir (vous connaissez ce sentiment ?), un jeune homme est assis à la place à côté de moi. Je lui souhaite le bonjour, tout en souriant toujours. Déception, le sale môme (pardonnez moi, je m’emporte), me regarde, l’air niais, retire son sac crado, et se retourne. Quelle gifle je me prends !
Troisième épreuve : Le trajet (long, et le mot est faible)
Je m’assois, je regarde les gens, tous figés, n’osant se regarder, dans la contemplation irrésistible et passionnante (apparemment) de leur écran d’ordinateur portable, livres, revues, ou du paysage (il pleuvait, et le soir tombait je précise). Tant d’âmes dans une rame (cinquante ??), et tant d’individualités. Je surprenais quelques regards furtifs parfois dans ma direction, et lorsque je voulais répondre à leur regard, zou ils se retournent à la vitesse de l’éclair, pour pas que je m’en rende compte, et de peur de croiser mon regard (terrifiant c’est vrai !) On n’ose plus se toucher, quand on le fait, malgré nos efforts démesurés, on s’excuse. (« oh excuses moi, je t’ai touché »), comme si le contact humain était empoisonné.
Quatrième épreuve : idem première épreuve
Nous n’osons plus nous regarder, nous toucher, nous parler. Pourquoi, sommes nous tellement terrifiés les uns des autres ? Peur de la différence ? Peur de celui qu’on ne connaît pas ? Pourquoi ? Je suis sûrement autant concernée que ces gens dans le train, c’est une sorte de protection, de ne pas laisser l’autre communiquer avec toi, de peur de lui livrer son jardin secret. Peur qu’il te colle, qu’il te déçoive, qu’il te drague… On aime notre petit espace étroit, étriqué, mais tellement rassurant, car on le connaît par cœur. Peur, peur, peur…
Mais par cette attitude, ne perdons nous pas plus de choses que nous en gagnons ? Ne perdons nous pas le partage, la communication, l’ouverture d’esprit ? Apprendre des autres c’est possible ! on apprends pas que sur internet ou dans les bouquins !
Cette expérience, tout le monde l’a vécu, dans la rue, le métro, ces regards plein de vide, plein d’indifférence, fixant un point dans l’espace. Ces gens qui te cognent dans la rue sans s’excuser…
Mais cela ne vous inquiète –il pas ? Qu’en pensez vous ? Cela se passe-t-il partout pareil ? Et autrefois ?
A vos avis