La Damnation de Faust (H.Berlioz d’après GOETHE, et traduit par G.de Nerval)
Scène I
Plaines de Hongrie.
Faust, seul, dans les champs au lever du soleil.
FAUST
Le vieil hiver a fait place au printemps ;
La nature s’est rajeunie ;
Des cieux la coupole infinie
Laisse pleuvoir mille feux éclatants.
Je sens glisser dans l’air la brise matinale ;
De ma poitrine ardente un souffle pur s’exhale.
J’entends autour de moi le réveil des oiseaux,
Le long bruissement des plantes et des eaux…
Oh ! qu’il est doux de vivre au fond des solitudes,
Loin de la lutte humaine et loin des multitudes !
Scène II
-
Ronde des paysans.
CHOEUR
Les bergers laissent leurs troupeux ;
Pour la fête ils se rendent beaux ;
Fleurs des champs et rubans sont leur parure ;
Sous les tilleuls, les voilà tous,
Dansant, sautant comme des fous.
Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! Landerida !
Suivez donc la mesure !
Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! Landerida !
FAUST
Quels sont ces cris ? quel est ce bruit lointain ?
CHOEUR
Tra la la la la la ! ha ha !
FAUST
Ce sont des villageois, au lever du matin,
Qui dansent en chantant sur la verte pelouse.
De leurs plaisirs ma misère est jalouse.
CHOEUR
Ils passent tous comme l’éclair,
Et les robes volaient en l’air ;
Mais bientôt on fut moins agile ;
Le rouge leur montait au front ;
Et l’un sur l’autre dans le rond,
Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! Landerida !
Tous tombaient à la fidèle.
Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! Landerida !
Ne me touchez donc pas ainsi !
Paix ! ma femme n’est point ici !
Profitons de la circonstance !
Dehors il l’emmena soudain,
Et tout pourtant allait son train,
Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! Landerida !
Tra la la la la la ! ha ha !